Quelque soit le pays où je vivrai, l’image de mon pays ne s’effacera jamais

Qui est Samy Syphax ?
Je suis né à Felka, un petit village situé à une dizaine de kilomètres de Tizi Wezzu. J’y ai vécu ma petite enfance. Puis, pendant les événements d’Algérie, je me suis installé  à Alger, à Belcourt, ainsi qu’à Saint Eugène. De retour en Kabylie, j’ai vécu dans un village du nom de Timizar-Loghbar, village ou j’ai passé mon adolescence jusqu’à l’âge de 18 ans.

Puis me voilà parti en France, à Paris, cité de la mode, de la culture et de la musique, où j’ai réellement trouvé mon bonheur. Moi qui, déjà tout petit, adorait écouter le son de la guitare,
J’ai voulu à tout prix apprendre à jouer de cet instrument. A l’époque, j’écoutais déjà
beaucoup Ray Charles, Elvis Presley, Dan Martin, Otis Redding, Les Beatles, etc.



J’avais aussi le virus du dessin et de la sculpture. Mes quartiers préférés étaient ceux de Saint Michel et de Saint Germain des Prés, où se côtoyaient toutes les nationalités du monde, touristes Américains, Anglais… C’est à cette époque que j’ai vraiment commencé à apprendre à jouer de la guitare ; je jouais avec eux, et je leur piquais quelques accords par-ci, par-là. Je jouais
les chansons des Beatles, évidemment, mais aussi le fameux « Pénitencier », de Johnny Halliday.
Quelques années plus tard, j’entrai au conservatoire, afin d’apprendre un peu le
langage musical. J’y fis une année de guitare, une année de chant et une année de piano.
A la suite de tout ceci, je commençais à écrire des chansons, paroles et musique, en langue Française et en langue Kabyle, que je gardais précieusement dans mes tiroirs.
Parallèlement, je me produisait dans des « Thé dansants » avec des orchestres dans toute la région parisienne, où j’interprétais des chansons Françaises, Espagnoles et Italiennes. Un jour, un ami vint me dire que trois de ses copains voulaient créer un groupe Kabyle, et qu’il leur manquait un chanteur pouvant jouer aussi d’un instrument. C’est comme cela que le groupe Syphax est né.
Les aléas de la vie firent que nous nous séparâmes ensuite.
Vous venez de produire un nouvel album sur le marché qui a pour titre : « J’aimerais revoir mon pays ». Parlez-nous de cette nouvelle production après une longue absence :
Après plusieurs années d’absence, je décidai de ressortir de mes tiroirs toutes mes
compositions en langue Française et en langue Kabyle, et de les adapter à des rythmes modernes comme la country, la funky, le reggae et le rock. Je l’ai produit avec une tierce personne, et j’ai créé un label : « Rock Kabylie Production ». Pour le moment, cet album est en vente sur mon site Internet :
www.samy-syphax.fr. Je crois que c’est en bonne voie de réussite, rien que par le titre de l’album : qui n’a pas envie de revoir son pays ? C’est le rêve de tout le monde !
Parlez-nous de votre style de musique :
Mon style de musique vient de l’intérêt que j’ai porté dès mon adolescence, à la
musique moderne Occidentale. Ayant beaucoup bourlingué dans toute la France, où
j’interprétais de tubes de l’époque dans des « Thé dansants », et où je pouvais écouter toutes les musiques du monde. L’année 1975 d’ailleurs, me fit participer à un concours organisé par Radio France, émission nommée « Radio crochet », où j’ai gagné le deuxième prix.
Dans vos compositions, vous évoquez souvent la nostalgie de l'Algérie et de la Kabylie. Que signifie pour vous la terre où on est né et où on a grandi ?
Rien ne peut remplacer le lieu où je suis né, où j’ai joué aux billes et où j’ai grandi.
C’est une partie de ma vie associée à de nombreux souvenirs. J’ai aussi bien sûr une pensée pour mes parents qui sont enterrés ici. Pour moi, ces souvenirs ne s’effaceront jamais, ils resteront gravés, quelque soit le pays où je pourrais vivre. Par moments, ces souvenirs me reviennent comme des flashs. Dieu m’est témoin, j’ai eu beau voyager aux Etats-Unis, au Mexique, en Jamaïque, en Floride, aux îles Caïman, etc…, ce n’est pas pour autant que je peux oublier ma Kabylie.

Votre album a-t-il trouvé des échos auprès du public ?
J’ai effectivement trouvé un accueil très encourageant auprès de mon auditoire. Il est
clair que l’on ne peut composer ni chanter ce que l’on n’a pas en soi. Chacun compose et chante ce qu’il ressent. Par voie de conséquence, on ne peut pas plaire à tout le monde, ce serait trop beau ; le monde de la musique est tellement varié ! L’essentiel, c’est de faire quelque chose de propre, de respecter son auditoire, et il sera en mesure de juger !
La société de communication « Mizrana Productions » est en train de réaliser pour vous un reportage biographique, et prochainement, des clips. Parlez-nous de ces initiatives :
J’ai été très surpris de constater qu’il existe encore des gens courageux, ambitieux, et qui ne demandent qu’à travailler. Ces gens sont ceux qui font tourner la « boîte » Mizrana Productions. J’y ai rencontré une famille très soudée et d’une honnêteté exemplaire, et je leur dis : Bravo ! Je suis ravi d’avoir fait leur connaissance et de pouvoir travailler avec eux, moi qui suis toujours à la recherche de personnes en qui on peut avoir confiance, cette confiance, si naturelle en soi, mais que l’on a tellement de mal à placer en quelqu’un à notre époque, cruellement…


Que représente pour vous l'identité et la culture Amazigh ?
L’identité représente pour moi mon existence, et la culture Amazigh, ma liberté. Mais
pas n’importe quelle liberté : la liberté de vivre, la liberté de s’exprimer, la liberté de voyager sans qu’il n’y ait d’obstacles, la liberté de parler avec qui on a envie sans que l’on vous catalogue comme appartenant à telle cause ou à telle autre… Moi je crois que l’homme a une chance inouïe de vivre sur cette terre ; cela pourrait être tellement simple de vivre en paix, sans haine et sans préjugés, en harmonie donc. Hélas l’homme en a décidé autrement, et c’est la source de tous nos conflits.
En plus de ces productions, vous organisez des galas en France ?
Pour le moment, je répète le répertoire avec mes musiciens. En ce qui concerne les
galas, je pense qu’au moment venu, j’organiserai des galas dans des salles de Paris et de sa région. En ce moment, je suis en train de réfléchir à la manière dont je vais travailler, c'est-à -dire, trouver des artistes, chanteurs ou chanteuses qui feraient les premières parties de mes spectacles, ainsi que des artistes avec lesquels je pourrais chanter en duo. Mais pour l’instant, je ne me presse pas.
Votre album sera-t-il disponible en Algérie ?
Je pense que oui, puisque j’y ai des contacts, il me reste maintenant à discuter, pour
qu’un commun accord soit trouvé entre les points de vente et moi. Vous savez comme moi que le commerce du disque est en crise, et en particulier la chanson Kabyle, puisque nous sommes limités. Mais avant tout, il faut faire de la chanson, chanter en Kabyle, qui est notre langue, et faire connaître notre culture à travers le monde. C’est ce qui me motive, en espérant que ce vingt et unième siècle, apportera aux artistes du monde entier, poètes, comédiens, peintres, chanteurs, acteurs, la joie de trouver enfin le bonheur dans ce qu’ils font.
Un message pour votre public
Mon public des années 80 retrouvera peut-être la nostalgie de ces années là, quand il était étudiant, et qu’il écoute aujourd’hui le groupe Syphax dont j’étais le chanteur. Mais pour mon public nouvelle génération, je pense ne pas le décevoir, car c’est une musique moderne qui ne se démode pas, comme toutes les musiques qui nous font toujours vibrer, tubes des années 60 aux années 80.

Entretien réalisé par Farid HAMMAMI




0 commentaires:

Enregistrer un commentaire

 
Haut de la page